- FOIRES (art contemporain)
- FOIRES (art contemporain)FOIRES, art contemporainL’organisation de foires marchandes, dans la grande tradition du Moyen Âge, est un phénomène relativement récent au sein du marché de l’art: Art Cologne, qui est la doyenne de ce genre de manifestation, ne date que de 1966. Dans les années 1970, seules quelques créations semblables ont vu le jour, parmi lesquelles le Salon international d’art, dit foire de Bâle, en 1970, et la Foire internationale d’art contemporain (F.I.A.C.) de Paris en 1974 sont les plus importantes. Dans la décennie suivante, le phénomène s’est vu multiplié: en 1980 sont créées successivement la Stockholm Art Fair et la Chicago International Art Exposition, en 1982 l’Arte contemporaneo feria internacional de Madrid (Arco) et en 1984 l’International Contemporary Art Fair (I.C.A.F.) de Londres.Destinées à la promotion du marché de l’art, ces foires ne sont pas exclusivement professionnelles, mais au contraire ouvertes au public le plus large. Le succès de la plupart d’entre elles tient davantage à la curiosité de ce qu’elles offrent à voir que de ce qu’elles proposent à la vente. Le nombre croissant de visiteurs qu’elles accueillent chaque année leur confère aujourd’hui un statut voisin de celui d’une exposition de prestige. Les foires ont d’ailleurs le souci de n’être pas débordées par un certain «tourisme» culturel afin de préserver leur objectif initial qui est de vendre. Une manifestation comme la F.I.A.C. a multiplié par plus de douze le nombre de ses visiteurs en l’espace de treize ans, atteignant 150 000 entrées environ en 1993. C’est dire qu’elle est en excellente place au classement général des grandes expositions, établi selon le nombre moyen d’entrées par jour d’ouverture. Sur un plan économique, ces foires marchandes ne connaissent pas un succès égal. Plusieurs facteurs en sont la cause: l’importance qualitative et quantitative de leur contenu, le rôle incitateur des institutions et du mécénat, le développement d’un marché intérieur, l’existence d’une monnaie nationale forte. De ce point de vue-là, la foire de Bâle réunit assurément le maximum de critères favorables et fait figure de leader. Son ancienneté, sa situation au cœur même du réseau européen, à proximité de l’Allemagne, de la France et de l’Italie, qui sont autant de partenaires dynamiques de l’actualité artistique, la qualité de ses structures d’accueil, l’importance de la place bâloise enfin tant sur le plan des galeries privées que sur celui des musées font de la foire de Bâle une manifestation prestigieuse qui parvient à rassembler comme aucune autre, chaque printemps, la plus grande population du milieu artistique international.Chaque foire est régie selon une organisation spécifique; il n’y a pas de modèle unique. Le plus souvent, c’est un comité directeur, constitué d’une sélection de marchands, qui est chargé de l’étude des candidatures et de la répartition des emplacements. Pour marquer l’événement, certaines foires s’inventent des opérations ponctuelles de prestige ou de promotion: ici, une importante exposition thématique ou la présentation d’une collection réputée — ainsi celle du Louisiana Museum à Cologne en 1983; là, un espace exclusivement réservé à la présentation de travaux de jeunes artistes, comme Perspective, à Bâle.Contemporaines, les foires d’art, quoiqu’elles l’annoncent pour la plupart dans leur dénomination, ne le sont pas au sens strict du mot — et c’est encore là l’une des raisons de leur succès. De nombreuses galeries s’attachent en effet à faire valoir le fonds qui les constitue en présentant un choix des pièces maîtresses d’époque moderne, au sens large du XXe siècle, qu’elles possèdent. Certaines vont même parfois jusqu’à consacrer la totalité de leur stand à l’exposition d’un artiste historique (Picasso, Léger, Schwitters...) pour promouvoir davantage leur nom que ceux des artistes vivants qu’elles défendent. Le principe du one-man-show s’est d’ailleurs considérablement développé avec le temps, et très nombreux sont aujourd’hui les artistes contemporains qui envisagent leur participation aux foires à l’égal de l’engagement dont ils font preuve dans le contexte d’une exposition dans une galerie ou dans un musée. Il y va là d’un véritable déplacement de fonction, puisque le principe de la foire est bien plus de valoriser l’ensemble d’une activité économique qu’un seul aspect de celle-ci. Certes pour un artiste exposer dans un tel contexte, c’est s’assurer d’un public large et renouvelé, puisqu’il s’agit d’une confrontation plus spectaculaire que réservée.Le qualificatif d’international que ces foires affichent, lui non plus, n’est pas toujours vérifié. Si elles peuvent toutefois le revendiquer, c’est plus par le cosmopolitisme des œuvres qui y sont présentées que par l’importance de la participation de partenaires étrangers. Art Cologne et Stockholm Art Fair, par exemple, sont toutes deux des manifestations sinon nationalistes, du moins très nordiques. La présence des marchands américains en Europe est toujours très discrète; inversement, les foires outre-Atlantique restent pour l’essentiel anglo-saxonnes.En 1995, le ministère de la Culture adopte une politique d’encouragement des galeries françaises en vue de leur permettre de proposer une meilleure représentation de leurs artistes sur la scène artistique internationale.Événements artistiques à part entière, les foires d’art sont devenues l’objet d’une médiatisation de plus en plus développée, au point de rejoindre parfois ces grandes manifestations périodiques que sont les salons automobiles, nautiques ou aériens et autres foires du livre ou de la bande dessinée. Peut-être n’est-ce là que l’expression d’un alibi culturel de plus, mais l’art y a trouvé une forme de faire-valoir et de promotion.
Encyclopédie Universelle. 2012.